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Expérience de la durée
8e Biennale de Lyon 2005 :

Diffusé à la vitesse de 16 images par seconde au lieu de 24 images par secondes, temps classiques du cinéma, Sleep ne montre qu'une chose - le poète John Giorno endormi - durant près de six heures.
Sleep n'est pas un plan séquence ; il a fallu près de deux mois à Andy Warhol pour le tournage et quelques mois supplémentaires pour réaliser un montage extrêmement complexe - certaines images sont répétées de cinq à vingt fois tout au long du film).
Ce n'est donc pas la continuité du plan fixe qui intéresse ici Warhol mais la nécessité de rompre totalement avec les habitudes du cinéma du fait de l'absence de narration et de la récurrence des images.
Une récurrence que Warhol aura d'ailleurs utilisée tout au long de sa carrière et qui vise à interroger le regard du spectateur face à ce qu'il tient pour acquis.
Avec Sleep, qui fut le premier film réalisé par l'artiste, on fait l'expérience d'une durée tout à la fois étirée et totalement faussée, comme une répétition sans fin et toujours modifiée de la même image.
Un an après Sleep, Andy Warhol tournera (avec l'aide de Jonas Mekas, également présent à la Sucrière) Empire, un plan fixe de huit heures sans interruption de l'Empire State Building à New York.

La Sucrière :Image tirée de "Sleep"
Collection du Andy Warhol Museum, Pittsburg (Don de la Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc., 1997)
Photo : Blaise Adilon